L’Alliance française de Tamatave, dirigée par Pascal Rezzouk, a sélectionné 2 976 livres au sein du catalogue de Biblionef, répondant aux besoins des 3 650 inscrits et permettant de renouveler son fonds ancien, très abîmé et inadapté.
Le public de cette Alliance, qui ne cesse de croître, est majoritairement composé d’enfants et d’adolescents. Les albums, contes, romans, BD, documentaires, d’un niveau facile, ainsi que les dictionnaires et encyclopédies, soutiennent le développement de la jeunesse malgache, très vulnérable et très éloignée du livre et de la lecture.
Madagascar compte 29 Alliances françaises qui constituent les principaux lieux d’enseignement de la langue française. Les bibliothèques et médiathèques de ce réseau ont pour vocation de faciliter l’accès à la lecture, dans ce pays où le livre est rare et coûteux, et de permettre l’ouverture des publics à la multiplicité des cultures, notamment par le biais d’animations et de manifestations autour du livre. En 2012, ce réseau a recensé plus de 600 000 visiteurs et propose des cours de français aux enfants dès 3 ans et jusqu’à 17 ans.
Les parents d’enfants scolarisés dans les zones côtières telles que Tamatave considèrent que leurs enfants resteront défavorisés s’ils ne reçoivent pas un enseignement en français de qualité, qui leur permet de rompre l’isolement qu’ils subissent sur ces territoires peu développés.
A l’heure actuelle, 92 % de la population malgache vit dans la pauvreté et seulement 65 % de la population est alphabétisée. L’insécurité et la corruption explosent. Les contraintes financières pèsent sur les familles, qui courent un plus grand risque de ne pas envoyer leurs enfants à l’école. Depuis le début de la crise politique en 2009, le nombre d’enfants déscolarisés a augmenté de plus d’un demi-million. Le système scolaire souffre de sous-équipement et d’un niveau assez faible des enseignements.
Le primaire et le premier cycle du secondaire sont entièrement malgachisés mais le français est introduit progressivement et, à la fin des études secondaires, un enfant malgache doit normalement être bilingue, car les études universitaires se font presque exclusivement en français. Ce n’est que très rarement le cas. Le français est reconnu comme la deuxième langue officielle mais il n’est parlé que par 20 % de la population dans la vie quotidienne.
Les livres ont pris la mer fin février et sont arrivés à Tamatave le 15 mars 2014, en partie grâce au soutien de la Fondation Okworld. La majorité des livres est utilisée pour créer la première bibliothèque de l’apprenant de l’Alliance française ; un précieux soutien pour l’enseignement du français. Ce projet a permis d’établir une passerelle entre la bibliothèque de l’Alliance et le service des cours, créant ainsi une synergie entre services.
La mise en œuvre de ce projet de dotation, et notamment la sélection des livres, a permis d’impliquer les bibliothécaires de l’Alliance qui, de passifs, sont devenus acteurs de la constitution du fonds qu’ils ont à gérer et à présenter aux usagers.
Les bibliothécaires et professeurs découvrent progressivement les nouveaux titres, conseillent les enfants dans les choix des livres correspondant à leur niveau et à leurs goûts, et organisent déjà des activités et animations autour de ces nouveaux livres jeunesse. Ces beaux ouvrages attirent rapidement les jeunes des alentours et donnent un nouvel élan à la médiathèque. Elle deviendra progressivement un centre ressources de référence en langue française pour la littérature jeunesse. Les enfants et jeunes fréquentant l’Alliance trouvent des supports utiles pour leurs études mais aussi des clés de compréhension du monde et de quoi nourrir leur imaginaire.
A l’occasion du colloque des Alliances françaises du réseau malgache en mai 2014, Pascal Rezzouk a présenté ce projet, très bénéfique pour son Alliance. Il a souligné la qualité des livres proposés et l’avantage indéniable de la sélection d’ouvrages adaptés aux besoins afin que « les bibliothécaires soient acteurs de la constitution du fonds de leur bibliothèque ».