Mot du président

Eloge du livre

On a coutume de désigner les trois grandes religions monothéistes – judaïsme, christianisme et Islam – par l’expression : « religions du livre ». Ces religions reposent en effet sur les trois ouvrages fondamentaux que sont la Bible, les Evangiles et le Coran. On sait que ces trois livres sont parmi les plus lus au monde. Que seraient ces religions sans leur livre ?

Ma religion personnelle, c’est le livre, c’est-à-dire, tous les livres : ceux que je lis, que j’écris, que j’édite et dont je parle depuis des décennies. Si j’ai accepté l’honneur de présider Biblionef en cette année 2008, c’est tout bonnement parce que je crois intimement que le livre reste le plus puissant vecteur de savoir, de culture et de civilisation au monde.

Ayant pris conscience de ce que des centaines de millions d’enfants et d’adolescents sur la planète, sont condamnés à végéter par défaut d’accès au livre et à la lecture, Maximilien Vegelin van Claebergen, alors ambassadeur des Pays-Bas en France, avait eu l’idée, dès 1989, accompagné par Dominique Pace, de créer Biblionef. En 20 ans, ce sont des centaines de milliers, de livres neufs, il est bon de le préciser, qui ont été expédiés dans des dizaines de pays, et permis à des enfants d’avoir accès, à la lecture et au savoir.

En dépit du développement spectaculaire de ces moyens d’information et de communication à l’échelle mondiale que sont le net – en bon français, la toile – l’E Book ou livre électronique, sans compter les réseaux comme Facebook, Twitter et autres blogs, le livre papier texte une valeur sûre, accessible à tous, ce qui n’est pas le cas des vecteurs modernes que je viens de citer. Dans un village du Cameroun, du Togo, des Comores ou du Pakistan, les conditions nécessaires à une connexion internet n’existent pas forcément, ni même l’électricité, parfois. Or, un livre peut-être lu à la lumière d’une lampe à acétylène, à pétrole, voire même à celle d’une bougie.

Des statistiques dignes de foi nous apprennent qu’un pays où le taux d’alphabétisation est inférieur à 50% ne peut prétendre à un développement économique et social normal.

Ce taux, hélas, est loin d’être atteint par nombre de pays d’Afrique, d’Asie et d’ailleurs. Avec ses moyens modestes, mais avec l’enthousiasme intact de notre directrice générale, Dominique Pace et de tous ceux qui  soutiennent son action, Biblionef œuvre pour  aider les enfants et les adolescents du monde à participer à l’aventure du développement.

Mes confrères et amis éditeurs nous appuient grandement dans cette entreprise, et je veux les remercier ici de leur soutien, comme je veux remercier les instances officielles.

Une autre raison qui m’a fait accepter la présidence de Biblionef est que cette association reconnue, je le rappelle, par l’UNESCO, l’UNICEF et le Conseil de l’Europe, défend à sa manière et sur le terrain, la francophonie, combat que je mène depuis des années au sein de diverses associations et organismes d’état. Enfin, je tiens à préciser qu’une des missions de Biblionef consiste à prodiguer ses conseils et son expertise dans le domaine du livre pour la constitution de bibliothèques, au Kenya, en Afrique du Sud, en Roumanie, en Algérie, au Vietnam ou en Thaïlande, pour ne citer que ces pays-là. C’est un travail en profondeur et à long terme.

Le livre, j’en suis sûr, a encore de beaux jours devant lui, et son rôle d’outil culturel n’est pas près de faiblir. Comme le  disait un jour un grand patron d’édition en parlant du livre de poche : c’est un petit objet pas cher, facile à manier et que l’on trouve partout.

Mais là où on ne le trouve pas, Biblionef s’efforce de pallier cette absence. C’est sa mission première, son honneur et sa fierté.

Jean ORIZET