Avec un taux d’analphabétisme de 11% chez la population active de 16 à 65 ans, la région des Hauts-de-France est la région la plus touchée par ce phénomène en France métropolitaine. Dans certaines villes désindustrialisées, la paupérisation touche une grande partie de la population, tandis que les zones rurales n’ont pas accès à une offre culturelle de qualité.
Consciente de cette situation et de la nécessité d’intervenir auprès des publics les plus jeunes, Biblionef a entamé en 2015 un partenariat avec la direction de l’Enseignement catholique du Diocèse de Lille, reconnue pour la qualité de l’éducation dispensée et accueillant des enfants de toutes les origines sociales et religieuses sans discrimination aucune.
Pour élargir son action à d’autres zones de la région nord, sur les conseils de la Direction diocésaine de Lille, Biblionef a développé cette année un partenariat avec le diocèse de l’Enseignement catholique de Cambrai qui accueille 13 000 élèves dans 73 établissements au total.
Ainsi, la décision a été prise d’orienter le projet de création de bibliothèques vers de petites écoles situées en zone rurale et 8 établissements ont été sélectionnés en fonction de leur rang d’indice de positionnement social (IPS), indicateur prenant en compte divers facteurs sociaux, économiques et culturels utilisé par l’administration pour classer les établissements.
De la maternelle jusqu’à l’élémentaire, environ 800 enfants devant ainsi bénéficier d’une dotation de 3000 livres à répartir entre les établissements.
A l’écart de centres culturels, accueillant des élèves dans des zones marquées par le chômage, l’interculturalité et la pauvreté culturelle, ces écoles isolées gèrent des priorités souvent matérielles avec un tout petit budget.
Il est donc d’autant plus urgent de créer des points d’accès au livre au sein d’écoles situées dans des villages qui bien souvent n’accueillent pas de bibliothèques ni de médiathèques.
« Le contexte socio-économique est défavorable, la ville du Cateau Cambrésis connait un taux de chômage de 31% et un taux de pauvreté de 33,8%, ce qui en fait la 66ème ville la plus pauvre de France. Les parents sont de toutes catégories socio-professionnelles ou sont même sans emploi. Ils inscrivent leurs enfants car ils reconnaissent la qualité de l’enseignement proposé. Certains parents font de gros efforts pour s’acquitter de la contribution familiale. L’école accueille des enfants des communes environnantes car les familles préfèrent éviter l’école de leur village, ne la jugeant pas assez investie dans le parcours des élèves. »
Audrey Dupont, directrice de l’école Saint Joseph du Cateau
L’arrivée de livres neufs, adaptés aux goûts et aux besoins des élèves a provoqué un véritable enthousiasme auprès des directeurs d’établissements qui ont eu le plaisir de choisir les ouvrages destinés à alimenter leurs bibliothèques à partir du fonds proposé par Biblionef.
Ils ont tous la volonté d’inscrire la lecture dans le projet pédagogique de l’établissement et d’ancrer sa pratique dans les habitudes des enfants, d’autant que ceux-ci en sont souvent éloignés dans leur environnement familial.
La directrice de l’école Saint Michel de Berlaimont nous explique :
« Nous constatons depuis plusieurs années un niveau en lecture en baisse. C’est pourquoi nous avons mis en place dès la rentrée de septembre 2019 l’accent sur la lecture. Les élèves dès le CP étudient 3 œuvres complètes sur l’année, ce qui pour quelques familles très modestes a posé des problèmes financiers et ils n’ont pas pu acheter les livres à leurs enfants ».
Karine Vasseur, directrice de l’école Saint Rémi de Roeulx, nous fait part des mêmes difficultés d’apprentissage chez ses élèves :
« Nous avons constaté que la compréhension mais aussi le manque de vocabulaire étaient les points faibles de nos élèves et leur permettre d’accéder aux livres pourrait être un premier pas vers la culture et l’enrichissement du vocabulaire. »
Les chefs d’établissements sont convaincus du caractère prioritaire de la lecture, tant sur le plan éducatif que personnel. Il ne fait aucun doute que la dotation de Biblionef sera utilisée à bon escient par les enseignants, afin de favoriser une plus grande ouverture culturelle et personnelle chez leurs élèves.
Selon Marie-Line Dépret, adjointe au directeur diocésain de l’Enseignement catholique de Cambrai, la dotation de Biblionef constitue « un véritable souffle d’oxygène qui permettrait à ces écoles de monter des projets autour de l’accès aux livres ».
Le 4 novembre 2020, la cérémonie de remise officielle de 3 000 livres aurait dû avoir lieu à la Direction du diocèse de Cambrai, en présence des représentants de Biblionef et des fondations Tape à l’œil et Le Conservateur qui ont contribué financièrement à ce projet. Hélas, cette cérémonie, dont tous se réjouissaient, a été annulée en raison du nouveau confinement qui venait d’être annoncé.
Pour que les livres puissent arriver toutefois sur les étagères des bibliothèques de toutes les écoles et faire le bonheur des jeunes lecteurs dans les meilleurs délais, malgré les conditions peu favorables, Marie-Line Dépret et son équipe, se sont attelés avec joie à l’ouverture des cartons et à la préparation des 8 lots puis se sont chargés de les apporter dans chacun des établissements. Ceux-ci se trouvant aux quatre coins du diocèse, il leur a fallu trouver le temps de ces longs déplacements pour que tout soit en bonne place avant Noël.
C’est avec ces mots qu’elle décrit la dotation de Biblionef :
« Que de merveilles dans tous ces cartons. Amoureux des livres comme nous le sommes… De grands enfants dans une caverne d’Ali Baba. »
En quelques images ci-jointes, le déroulement de l’opération depuis la réception des cartons par Marie-Line Dépret jusqu’à leur acheminement dans les écoles et la découverte des livres par les enfants. Saint Joseph à Etroeungt, Saint Rémi à Roeulx, Saint Joseph au Cateau-Cambrésis…