Ces ouvrages sont venus compléter et valoriser les fonds des Alliances françaises de Mutsamudu, de Moroni, de Mohéli et de l’association des bibliothécaires des Comores.

Dans l’archipel des Comores, la scolarité du primaire au secondaire, puis dans le supérieur, s’est toujours déroulée en français, langue officielle et langue d’enseignement. Cependant, on observe une dégradation rapide et sensible de la maîtrise de la langue, qui fait obstacle aux apprentissages. Les résultats au baccalauréat ont chuté entre 2003 et 2009, le taux de réussite passant progressivement de 34,6 % à 17,8 %, ce qui s’explique largement par une mauvaise pratique du français par les élèves et leurs enseignants. Ceux-ci ont un accès très limité aux ressources pédagogiques en français à cause de l’absence de bibliothèques scolaires et la rareté des manuels et des documents d’accompagnement des programmes. Le renforcement de l’environnement francophone est une nécessité pour leur permettre de conserver, en dehors de l’école, un réel potentiel d’échanges en français et d’enraciner ainsi leurs apprentissages dans des pratiques quotidiennes plus ludiques de la langue.

Contrairement à d’autres pays défavorisés, le rapport au livre est direct et décomplexé aux Comores. Les enfants comoriens manipulent très facilement l’objet et les salles de lecture existantes accueillent du monde en permanence. La situation de la lecture publique étant des plus précaires, les bibliothèques des Alliances franco-comoriennes, bien que petites, font figure de référence. Elles comptent des bibliothécaires permanents et formés et un public très demandeur.

A l’Alliance française de Mutsamudu, sur l’île d’Anjouan, bien que les enfants représentent 90% des usagers inscrits de la bibliothèque, les fonds pour la jeunesse étaient maigres et démodés. La dotation de Biblionef a permis de donner un nouvel élan à la bibliothèque, qui sera prochainement agrandie. Les nouveaux titres ont un indéniable pouvoir d’attractivité, même dans un contexte aussi défavorisé que celui dans lequel vit la population comorienne. A titre d’exemple, les enfants semblent très intéressés par les documentaires sur l’Egypte antique et les sciences. Parmi les nouvelles acquisitions, le directeur de l’Alliance française de Mutsamudu, Bruno Lacrampe, a salué tout particulièrement “l’excellente collection de la revue Dada, qui constitue un mode d’entrée très appréciable en matière d’art contemporain et d’histoire de l’art.” Par ailleurs, les dictionnaires, atlas, mini-encyclopédies et livres de référence viennent nourrir les cours de français. Enfin, la partie adulte de la bibliothèque s’est enrichie de nombreux ouvrages, tels que les Larousse spécialisés, les romans de Christian Jacq…

A l’Alliance franco-comorienne de Mohéli, les livres ont participé à la création d’un nouveau coin enfant. La bibliothèque est surtout fréquentée pendant la période scolaire, à partir du mois d’octobre, l’Alliance étant située un peu en dehors de la ville mais entourée d’établissements privés. La plupart des membres sont des enfants et adolescents, assez friands des magazines tels que J’aime lire, Les belles histoires, Mille et une histoires, ainsi que des ouvrages jeunesse d’un niveau de français assez simple.